Je regrette franchement ma grotte et ma solitude par moment. enfin, disons que je ferais bien sans la solitude dans l'absolu, mais on ne sens jamais autant seul qu'entourés d'êtres humains. Plus le temps passe, plus mon espèce me devient incompréhensible et source de souffrance.
C'est tout bête, je ne sais pas trop ce que veulent ces bestioles à deux pattes, je ne comprend pas ce qui est important à leurs yeux. Ce qui est un peu triste, parce que je m'imagine bien comme étant plutôt humaine, voir même humaniste. Mais avoir de bonnes relations avec son prochain nécessite visiblement des compétences que je n'ai pas et que je ne souhaite pas obtenir.
En premier, la facilité à médire d'autrui. Cela ne me gêne pas de critiquer les actions de certains, mais j'essaie toujours dans parler avec les principaux intéréssés, partant du principe qu'ils ne peuvent pas deviner ce que je pense. Et je dit aussi ce que je pense de bien. De plus j'essaie de faire la part des choses entre ce qui est critiquable, et ce qui se contente de faire résonner une de mes blessures. En bref, éviter d'imaginer que tout le monde doit suivre ma morale rigoriste. Cela ne me gêne pas qu'on fasse et pense différement de moi, cela me gêne plus qu'on me reproche la manière dont j'agis et je pense, sauf si bien sûr mes actes et pensées portent préjudice à autrui. J'essaie autant que possible d'éviter de porter préjudice à autrui si aucun bien plus grand ne peut en sortir. La voie du bien est souvent plus complexe, parfois plus gratifiante à long terme, mais elle me semble nécessaire pour vivre dans un monde de bien. Après, vivre comme un loup au milieu des loups, pourquoi pas, hein... Mais c'est un peu trop facile, donc beaucoup moins amusant. J'en retiens des vacheries ! Sans doute pour rien... Mais quand même.
Ce que j'attend toujours des êtres humains qu'ils m'entourent, c'est qu'il me renvoie le reflet de ce que je suis à leur yeux. Il y a du narcissisme là-dedans, c'est sûr. Mais j'imagine que ce doit être plus simple d'évoluer quand on sait ce qui est bien et moins bien chez soi. Bien évidement, chaque opinion est à voir sous plusieurs éclairages, puisque chaque individu obéit à un système de valeur qui lui est propre. Pour autant toute opinion est bonne à prendre en compte, à tester et à vérifier. Si quelqu'un me disait que mon gros défaut, c'est mon orgueil mal dissimulé derrière un manque de confiance généralisé (envers le monde comme envers moi-même) je ne pourrait que lui donner raison. Si on me reprochait de ne pas penser aux autres, je pourrais trouver des moments où je n'ai pas fait passer les autres en premier et même où je n'ai pas pensé à eux, mais dans l'ensemble, je me soucie de mon prochain, souvent un peu trop.
Je ne sais pas si je fais peur, si les gens ont peur de me faire du mal, ou s'ils s'en foutent tout simplement, mais je n'ai quasiment jamais de retour. Ceci dit, de quoi je me plains ? Quand j'en ai, c'est en général fort mal exprimé... Et puis comme je ne supporte pas les gentilesses, il ne reste que les méchancetés, qui sont toujours plus délicates à décrypter.
Par exemple aujourd'hui, une collègue a visiblement essayé de communiquer qu'elle ne supportait pas ma dissipation. C'est vrai que je suis dissipé ; je commence un truc, j'attaque sur un autre, j'adapte ce que je fais en fonction de la manière dont ça se déroule et non en fonction du plan préétabli. Il y a une part d'adaptabilité là-dedans, mais ça entraîne un manque de rigueur. Bon, et bien pour apprendre ça, j'ai bien galéré ! Comprendre pourquoi, quelque soit mes propositions, rien ne lui convenait, avec à chaque fois des réactions d'énervements de sa part... En fait, j'ai fini par en avoir marre de tenter de désamorcer sans arriver à lui faire cracher ce qui n'allait pas, et j'ai finis par la laisser avec tout le boulot. Ce qui n'était pas très diplomate, je l'avoue, mais à part prendre de la distance on se demande quoi faire dans ce genre de cas... Pour le coup, le chef nous a pris à part pour explication, ce que je n'aime pas vraiment comme situation... Je n'aime pas être le centre de l'attention, pour commencer, ça me vrille les nerfs. Ensuite, j'aurais peut-être mieux fait d'utiliser les techniques classique des relations humaines, c'est à dire coup de pute et autres, mais comme c'est important pour moi de rester honnête, ben... J'ai suivi mes principes, je n'ai pas chercher à accuser l'autre mais à exprimer mon ressenti. Ben là dedans non plus je ne suis pas experte, parce que pour le coup je crois que je suis passé pour la grande méchante... J'aurais mieux fait de laisser la bride à mon côté obscur. Voilà en gros ce que j'ai dit : "je ne comprends pas bien ce qu'elle me reproche,je n'ai pas l'impression d'être entendue par elle, je ne cherche pas à la priver de travail ou à tout lui laisser, mais à réaliser ce travail ensemble... Mais si elle tient à tout faire, je trouverais une autre occupation, sauf que ça ne semble pas aller non plus. Je suis fatiguée de tout ça, je ne compte pas me prendre plus la tête et c'est pourquoi je refuse de continuer sur ce travail-là aujourd'hui."(Ça en gros, c'est dire merde à son chef, c'étaispas malin, mais c'était pas comme si y'avait pas assez de boulot pour tout le monde...)
Ce que j'avais envie de dire, et que j'ai retenu, reformuler ? A la base c'était ça : "elle est complètement hystérique en plus d'être hypocondriaque, elle est en colère après le monde entier parce que son père est à l'hosto, alors plutôt que de faire une thérapie elle préfère prendre le premier bouc émissaire venu, chercher la baston pour se défouler, et si elle continue je lui fait manger son dentier. Elle s'éparpille, son incompétence à peine masquée par ses clowneries, et si elle prenait du prozac ça ferait du bien à tout le monde".
Cette version là contenait juste assez de vérité pour faire du mal, sinon c'était plein de mauvaise foi... Et j'ai réussi à la taire, ce dont je suis très fière. Mes plus grandes victoires sont contre moi-même... Mais allez expliquer ça aux péquaures moyens.
Bref, avec ma pression et après une mauvaise nuit de sommeil, j'ai finis par éclater en larme (je suis une grosse nerveuse... ça me saoûle... larmes de crocodile...) j'ai fait dire au chef que je devais partir (m'en fout un peu d'être congédié, j'avais besoin de prendre l'air), et go home. Il est fort probable que je passe pour une fainéante doublé d'une faible... Mais vous savez quoi ? Je préfère ça à passer pour quelqu'un de cruel (même admirable) incapable de se maitriser. Pour autant, vu l'ambiance générale du groupe, je sais que ce n'est qu'un iceberg qui a pointéle nez, et ça me gonfle. J'essaie de ne pas penser au reste, de ne pas intérerpreter les réactions d'autrui à moins qu'ils s'expriment clairement (ce qu'ils ne font jamais) mais bon, je reste humaine et mon imagination galope la nuit... Je suis bien heureuse de partir un mois en stage, encore plus d'avoir un projet de vie qui me permet de me passer de ce genre de relation de travail... dans deux mois je suis loin, et ça me fera du bien.
En attendant, devrais-je m'excuser de ne pas avoir compris ce que l'autre essayait d'exprimer avec son langage malhabile de traumatisé de la vie ? Ben, en fait, je crois que je vais me complaire dans le mépris, ça me fait du bien. Une pointe d'orgueil, y'a rien de tel pour se remonter le moral. Être persuadé qu'on vaut mieux que ses semblables, c'est finalement la voie vers l'épanouissement
Surtout si on laisse la louve s'exprimer :
Je ne vaux pas grand chose, mais toujours bien plus que toi !