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Titre du blog : Blabla comme ça
Auteur : amalya
Date de création : 27-05-2008
 
posté le 09-02-2010 à 20:34:14

Rêve de Barbie

Il y a en moi une Barbie qui someille et que je n'arrive pas à apprivoiser. En fait, pour tout dire, je ne sais pas quoi en faire.

 

Je n'ai jamais vraiment intégré toutes les notions féminité. L'idée que je suis une femme m'a toujours parue un peu bizarre. Attention, je n'ai pas dit que je me sentais mâle...

Juste que c'est lointain pour moi. Ca se traduit de diverses manières ; parfois du mépris, c'est tellement plus simple de dire "ha mais je suis pas une greluche qui pense qu'à sa coiffure moi !" alors que la réalité, c'est qu'on ne comprend pas comment les coiffures en questions peuvent tenir...

 

 

Parfois c'est une simple indifférence. "Ha bon, le petit nouveau est mignon ? Ha... Je sais pas..."

 

Parfois c'est du dégoût, certes absurde et immotivé, mais j'ai pas dit que c'était rationnel : "Au secours, y'a une femme enceinte qui approche !"

 

Et souvent, aussi, c'est de l'envie. J'aimerais comprendre ce qui anime une moitié du monde, et fait courir l'autre. 

Cela semble important pour pleins de gens, c'est peut-être même vecteur de bonheur, pas seulement de stress 

Mais voilà, pour petite Moi entre rationnelle et disjonstée, il n'y a pas de place pour une petite fille qui rêve de jouer à la princesse, d'être heureuse tout simplement, bien dans son corps et dans sa case sociale... Moi rester farouchement Autre, Moi préfère ne ressembler à personne et surtout... à rien.

 

Heureusement qu'il y a Barbie, hein ? 

Quand on a envie de quelque chose, il faut parfois tenter de la satisfaire, juste pur voir si c'est bien. Vous savez quoi ? Chaque fois que j'ai essayé d'être "féminine", ça m'a plu. Être une femme, ça a ses bons et ses mauvais côtés, les mauvais nous sont souvent imposés (mais je ne vais pas rentrer dans le thème des féministes, c'est un autre débat). Alors, autant apprendre à profiter des bons trucs. 

 

En sortant de l'adolescence, je me suis donc lancée péniblement à l'assaut de ce pays inconnu. Faire les boutiques avec des amis, dépenser des fortunes chez le coiffeur, apprendre à me maquiller, à me peinturlurer les ongles de pieds, à trouver des trucs "trop mignons" et à trouver que le rose est parfois très joli, ou encore à regarder les garçons (je veux dire avant de les connaitre, d'apprécier leur psyché ; oui oui ce truc où on se pose et où on se contente de regarder les jolis minois des inconnus dans la rue).C'est des exemples parmi d'autre, la féminité est un champ très vaste... 

 

Autant vous le dire, si je suis plus féminine aujourd'hui qu'à 16 ans, ça veut juste dire que j'y passe peut-être, ho, deux jours par mois. Pas franchement une réussite. Non, pas de maquillage et de coiffure le matin, ni de crème de soin et de machins qui sentent bon. En général, c'est un coup de brosse, lavage de dent, un peu d'eau, et hop au boulot ! Pas de sac assorti à ma tenue. C'est le sac du jour d'avant, où il y a de quoi survivre dans le monde moderne : mes papiers, mes sous, mes clés et mon MP3  La tenue du jour d'ailleurs reste dans le "confortable et pratique", même si j'ai fait un effort pour virer tout ce qui ne me flattait pas. Joli, mais pas Angelina Jolie quoi !

 

Je me dit que je devrais m'offrir des semaines "féminité assumé" et me tartiner de khôl, de parfum, porter des talons et assortir mes sacs à main ! Sauf que pour ça faudrait que j'habite seule, parce que les deux trois fois où j'ai tenté de me peinturlurer les ongles et les yeux, j'étais si peu semblable à ce que je suis d'habitude que mon petit chéri a... essayé d'être aussi diplomate que possible.

 Ce qui donne cela :

 "Tu es sûre que tu veux pas te démaquiller ?"

 

Remarquez, il a aussi dit un truc du genre la dernière fois que je lui ai sorti les dessous en dentelle et l'effeuillage qui va avec. Nan, ça aide pas, un mec qui ne m'aime pas pour mon côté féminin... Je crois qu'il n'est pas intéressé par les filles, juste par les humains, et c'est pour ça que dans l'ensemble ça va si bien entre nous : on est pas un couple homme/femme mais humain/humain...

 

Bref, je disais donc, être féminine, ça me fait du bien, j'ai l'impression de m'aventurer en terre étrangère, il y a du danger (les fautes de goût), du suspense (combien coûte ce merveilleux petit haut ?), du frisson (ha cette manière que le velours a de mouler mon corps de déesse... ), bref de la vraie aventure quoi !

 

... Vous savez pourquoi je parle de tout ça ? 

A cause du mariage.

Le mariage, c'est le point culminant de la féminité. Bon, il doit aussi y avoir la maternité, mais c'est pas pareil, j'en suis pas encore là.

Le mariage c'est ce condensé de trucs insensés qui nous font pousser des cris dans les aigues. Absolument irrationnel et tellement bon !

Il se trouve que ce truc m'est arrivé à toute allure sur le nez, et est reparti aussi vite. 

Le mariage, on fantasme dessus, en rigolant pour cacher que ça nous touche. C'est ce que je faisais il y a peu. Et puis à la suite d'un projet qui tombait à l'eau, je me suis dit "quand je pourrais réaliser ce projet, je demande mon doux en mariage". Sous-entendu, dans 15 ou 20 ans, le temps d'oublier.

Comme par miracle, le projet devient soudain possible. Et je dit oui. Et comme j'aime jouer, mais que je n'aime pas perdre, j'examine en détail mon "t'es pas cap" et j'en conclue que je suis cap. Bref, je demande mon ami en mariage au pied du chateau de la Belle au Bois Dormant, avec une bague fantaisie pour le délire. 

C'était beau, quand même... Et là, je me sentais réconcilié avec moi-même, de me lancer là-dedans. 

Comme c'est une décision que j'avais eu le temps de mûrir, je lui en ai laissé pour me répondre. Sérieuse quand même, hein, pas que romantique, même si ça me démangeait.

Après reflexion et de loooongs jours, il me dit que oui, il envisage de se marier avec moi, un jour, ça pourrait être sympa. 

 

Vous savez quoi ? J'ai un peu trop pris ça comme un oui. Sur un nuage. Prête à me trouver un diamant pour faire la folle. 

 

Il y avait bien, vaguement, cette notion de "temps", mais pour moi, ça voulait dire "dans deux ans, voir trois au max, pas comme ces gens qui font ça en un an...". Laisse-moi souffler chérie, le temps que je finisse ma dépression, quoi... Le temps de préparer ça à fond, tranquille et sans stress.

 

Me suis mise à rêver sur mon mariage de rêve, à trépigner parce que je pouvais en causer à personne, le principal intéréssé pas très motivé, mais m'ayant demandé de ne pas ébruiter parce qu'il ne voulit pas que tout le monde lui dise comment faire notre mariage. Ce que je peux presque comprendre.

 

Ce qui ne m'a pas empêché d'aller essayer des robes avec ma mère. On est partie pour rigoler, dans le genre "à quoi je ressemblerais en meringue", toutes les deux sûres que au final, la robe serait cousue maison, simple et sobre.

Sauf que j'ai trouvé LA robe, celle qui me transforme en vraie princesse, la métamorphose du papillon. Je suis pas la seule à avoir craqué. Ma mère aussi était stupéfaite de découvrir que sa fille pouvait être belle. Ok, c'est la robe ; n'empêche que ça fait un choc. La femme que je suis apparaissait dans cette robe.

 

On l'a pas acheté. Je suis sérieuse, vous vous souvenez ? Non non non. On l'a pas pris. 

 

Une robe, ça dure une saison, les collections changent. Deux questions : comment cette robe pouvait s'intégrer dans mes envies de mariage (quand même délirants et pas conventionnels), et comment lancer ça vite, le temps de la commander avant qu'il ne la fasse plus. Pas lancer le mariage, hein, mais le préparer assez pour justifier la robe.

 

Franchement, même si cette robe est sublime, je ne vois pas comment la faire rentrer dans mes idées de thème, ni comment accorder la tenue de mon doux pour qu'il soit aussi éblouissant et dingue sans avoir le classique costume. Je nous voyais plus "à la médiévale-fantastique", un truc du genre. je ne me voispas non plus coordonner nos tenues sans en parler au principal intéréssé. Voilà donc que je reparle de tout ça avec lui.

 

Voilà donc que je comprend que quand un homme vous dit que le mariage, c'est pas pour tout de suite, ça veut pas dire OUI.

 

C'est tout. Ma souffrance vient de moi, qui a interprété à ma sauce ce qu'il disait. Faut avouer que c'étais pas clair, mais je le sais qu'il a du mal à avoir des avis sur quoi que ce soit, que pour qu'il se prononce, il faut l'aider à sortir les trucs et être très très à l'écoute du moindre signe. Il est pas facile, ok : mais j'aurais pas du m'exciter comme ça.

 

Pas tout de suite, ça veut dire mettre en place des conditions comme celle dont je rêve dans l'absolu pour faire un gosse : tous les deux un boulot stable, un avenir prévisible, être posé autant qu'on peut. Et entre nous, je sais très bien que ce genre de truc ne m'arrivera pas. La vie est une pérpétuelle remise en question, on peut perdre le boulot le plus stable, la maladie et les accidents peuvent nous séparer, bref, il faut vivre le jour même, réaliser ses rêves dès qu'on peut, et des rêves à la fois faciles et grandioses comme le mariage, je suis prête à aller dans le mois devant monsieur le maire... Dans 3 ans, on aura peut-être une vie posée, ou peut-être dans 5, ou peut-être jamais. Mais on se voit ensemble et c'est ça qui compte à mes yeux. Officialiser notre union aux yeux du monde, dire qu'on est plus deux individus, mais une famille (pas encore de bébé, mais ça ne suffit pas à définir une famille), qu'on est uni, inséparables face aux tempêtes de l'existence, prêt à voguer vers des eaux de paradis et à construire notre cabane de robinson...

 

On ne peut pas imposer ses envies à celui avec qui on veut vivre. J'ai enterré mon mariage de rêve, mes cotillons et ma robe en satin rouge, et je me sens triste chaque fois que je vois une belle robe. Je sais que pour lui, ça continue d'être "dans 2-3 ans". Je sais que dans 2-3 ans, ça sera toujours pour "2-3 ans" plus loin... 

 

Petite Barbie du fond de mon coeur, je ne savais pas que ça faisait autant souffrir de te laisser une place dans ma vie. 

Désolé, mais après tant d'effort pour t'accepter, je crois qu'il vaut mieux que je t'enterre dans un trou très profond. Je ne suis pas assez Barbie pour me construire la vie qui va avec ; il n'y a que des souffrances comme ça qui nous attendent, des rêves qui éclosent puis se brisent avant d'avoir fleuri... 

 

Oublions que je suis une femme, que j'ai un coeur, du romantisme et des rêves. Je suis avant tout une humaine, un être qui fait face au destin et le modèle, qui affronte la vie en guerrière vaillante. Remet ton armure et affute ton épée ; il n'y a pas de place pour les princesses dans ton univers.